Abdellah CHEIKH
Rêvé de paysage urbain
FIFE est conçu comme un rendez-vous annuel qui met les œuvres cinématographiques des étudiants au
premier rang de ses valeurs et ses priorités.
Ce festival , singulier dans son genre, se caractérise par des regards croisés de jeunes cinéastes , toutes
vissions filmiques confondues, qui croient à l’apport du cinéma dans le développement humain et au droit
à l’avenir et au rêve par rapport à notre ère de l’image .
Il s’agit d’une plateforme créative qui échappe à toute classification normative et suscite autant de questions que de réponses. C’est un territoire symbolique qui nous propose une approche nouvelle d’une
création sans frontières, celle d’innover et de repousser les limites entre l’art et la liberté, tout en renforçant
le dialogue et la coexistence.
Plateforme événementielle où s’affirment la sensibilité et l’ambiance du temps. C’est tout un champ significatif qui met l’accent sur les aspects structurels et formels des œuvres, voire également la subjectivité
créative.
En un mot, l’ambition de l’ESBA est de mettre en valeur les films des étudiants qui se veulent un jeu au sens
le plus profond du terme, un amour en commun, un miroir, autrement dit, une image possible du monde
réel dans laquelle les émotions sont observées, dissociées de la passion immédiate qui les a engendrées.
C’est le rôle de l’artiste que de créer ce miroir qui renvoie l’image du monde la plus juste et la plus complète possible.
Le cinéma est un art qui ne juge pas. Il a deux valeurs : d’abord, il donne du plaisir, le plaisir de la curiosité
; ensuite, il élargit le champ de la liberté.
L’art, en d’autres termes, est l’un des grands moyens par lesquels les communautés fermées se changent en
communautés ouvertes. Il peut enfermer le spectateur dans la paralysie voluptueuse de la contemplation de
soi. Il peut donner aussi à l’individu talentueux la liberté de se développer librement et de concourir pour
capter l’attention du public.
Les cinéastes sont comme les poètes. « Ils ne sont pas les législateurs méconnus du monde » , comme le
veut la célèbre formule du poète britannique Shelley, « ils ne l’ont jamais été, et il vaut mieux qu’on fasse
en sorte de les en persuader », écrit Wystan Hugh Auden dans un texte inédit de 1947. Il s’interroge sur les
limites de la liberté et de l’art, leurs potentiels et leurs interactions. Loin de la vision romantique de l’art qui
lui conférait plus d’importance qu’il n’en a en réalité, cet écrivain anglo-américain prône la vision shakespearienne de l’art qui tend un miroir à la nature.